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Madrid : l’indignation après la fermeture de l’unique cimetière musulman

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Madrid : l'indignation après la fermeture de l'unique cimetière musulman
La communauté musulmane de la région madrilène se mobilise pour réclamer la réouverture de l’unique cimetière musulman situé à Griñon, dont la maire de la ville, Antonia Diaz Garrido, a décidé la fermeture le 18 novembre dernier. Une demi-douzaine d’associations musulmanes se sont rassemblées dimanche 23 novembre, devant le ministère de la Justice et le conseil municipal de Griñon.

Elles ont appelé les deux institutions à respecter la Constitution espagnole et les accords de 1992 entre l’Etat et les responsables musulmans, qui leur donnent le droit d’avoir leurs propres cimetières. La municipalité, de son côté, explique avoir décidé de la fermeture d’un cimetière « illégal », non conforme à la loi mortuaire (pierres tombales obligatoires), qui manque de contrôle sanitaire et qui n’a pas de licence d’exploitation.

Au cours d’une rencontre avec Riay Tatari, le président de l’Union des communautés islamiques d’Espagne (UCIDE), la maire de Griñon a assuré, mardi 25 novembre, qu’elle respecterait les accords et la Constitution, « mais aussi il faut légaliser et mettre de l’ordre dans ce cimetière qui était dans un vide juridique et ne répondait pas à la loi mortuaire ».

Fernando Arias, le président du Pluralisme et de Cohabitation, une fondation d’Etat qui a pour but d’éviter les frictions avec les communautés religieuses minoritaires, assistait à la réunion. « Nous allons faire en sorte que les délais soient plus courts, mais j’estime qu’il faudra deux mois pour rouvrir », a poursuivi Antonia Diaz Garrido. Et quand le cimetière rouvrira, a-t-elle précisé, les enterrements devront se faire conformément à la loi espagnole, ne pourront plus avoir lieu sans cercueil, alors que le terrain est situé dans une zone aquifère.


Une gestion datant de l’Espagne franquiste

A la fin des années 1930, une femme hispano-marocaine a fait don d’un terrain de 7 000 m2 située Griñon pour que soient enterrés une partie des 20 000 Marocains qui ont combattu avec le général Franco pendant la guerre civile. Le terrain appartenait depuis au ministère de la Défense mais le cimetière était supervisé par le consulat du Maroc à Madrid. Mohamed Riani, le fossoyeur, qui vivait sur place avec sa famille, enterrait les corps selon le rite islamique, sans cercueil et en direction de la Mecque. Il vivait des pourboires que lui donnaient les familles des défunts enterrés, ce qui rendait les frais d’inhumation pratiquement nuls. Les registres étaient tenus sur des notes manuscrites, et enregistraient un nombre anormalement élevé de fœtus, entre 60 % et 80 % selon les médias espagnols.

Le ministère de la Défense, qui a commencé à enquêter sur le cimetière en 2010, a demandé, lundi 17 novembre, à Mohamed Riani de quitter les lieux, en l’indemnisant pour sa maison. La gestion du cimetière a ensuite été confié à la municipalité pour 50 ans. Le lendemain, Antonia Diaz Garrido a suspendu les inhumations, mais pas les visites aux défunts. « Je ne l’ai pas fait pour ennuyer », assure-t-elle. L’objectif est de respecter la loi et d’offrir un service « correct » aux musulmans.

En attendant la réouverture du cimetière musulman de Griñon, la maire explique que les musulmans peuvent être enterrés dans un des nombreux cimetières où cohabitent plusieurs communautés. Mais des associations musulmanes ne l’entendent pas de cette oreille, soulignant que déjà six défunts attendent d’être inhumés dans des hôpitaux ou la morgue. Il y a 12 cimetières musulmans en Espagne, et celui de Griñon est le seul dans le centre du pays (Madrid, Castilla-La Mancha et Castilla y Leon) où résideraient 250 000 musulmans.

 

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